Jean-Marc Brison
Le début de saison de la pêche du brochet en Suède est tributaire des conditions météorologiques et de la durée de l’hiver. La rigueur de l’hiver scandinave va énormément influencer le comportement et l’activité des brochets, non seulement sur le plan de l’évolution du biotope en termes de végétations mais aussi en termes d’horloge biologique et de la fraie. La pêche en ce début de saison recèle donc quantité d’inconnues avec lesquelles le pêcheur devra composer. Par conséquent, dans les différentes techniques qu’il affectionne, il devra choisir la plus adaptée aux spécificités des postes sur lesquels il aura localisé l’espèce visée.
Personnellement, cela fait une dizaine d’années que je pratique les eaux Suédoises en début de saison pour la traque du brochet et je dois bien avouer que chaque voyage de pêche est différent en raison des conditions climatiques qui précèdent mon séjour.
Cette année, malgré un redoux fin mars, le mois d’avril a été particulièrement froid et les températures d’eau moyennes sur le Lac Vänern se situaient lors de notre arrivée début mai entre 5,5 ° et 6.5°. La grande question de savoir si la fraie venait de débuter, était bien avancée ou était déjà sur le point de se terminer se posait à nous. De plus les prévisions météo annoncées durant notre séjour étaient plus que clémentes et allaient certainement faire monter quotidiennement les températures d’eau.
Allions-nous devoir axer notre prospection sur les grandes baies bordées de roselières, lieux de prédilection liés à la reproduction, ou encore opter pour les zones rocheuses qui sont généralement peuplées de jolis spécimens en période post-fraie.
Zone rocheuse « shallow » - zone de post-reproduction
Baie bordée de roselières – zone de reproduction
Comment choisir son jerkbait en fonction du milieu et de la couche d’eau prospectée ?
Chaque modèle de jerkbait possède des spécificités propres, qui sont liées à son poids, sa forme et sa longueur. Pour notre part, nous avons essentiellement utilisé deux modèles de jerkbait de la gamme Salmo, à savoir le « Slider » en 10/12 cm et le « Sweeper » en 10/12/14 cm.
Ces deux modèles de jerkbait de type « silent » (c’est-à-dire dépourvus de billes bruiteuses) se distinguent parfaitement l’un de l’autre, non seulement par l’amplitude de leur nage respective mais aussi par la différence de vitesse à laquelle on peut les faire évoluer.
Qui plus est, la palette de coloris se compose de teintes naturelles très réalistes jusqu’à d’autres très vives comme le Fire Tiger, ce qui permet de faire face à de nombreuses situations… Notons aussi que certains modèles sont réactifs aux UV…ce qui nest pas à négliger.
Salmo Slider coloris « Wounded Real Grey Shinner » sous UV
En effet, le but premier étant de capturer des brochets, il va falloir jongler avec tous ces paramètres afin tout d’abord, de susciter leur curiosité et ensuite déclencher leur agressivité….
Mais pour susciter leur curiosité, il faut en premier lieu prospecter la bonne couche d’eau et/ ou encore la bonne structure où les brochets se tiennent postés.
Généralement, nous commençons par prospecter la couche d’eau supérieure pour ensuite descendre progressivement dans les couches d’eaux inférieures. Les baies sont composées principalement de plateaux d’une profondeur moyenne de 2 mètres allant en bordure de roselières jusqu’à 50 cm voir moins. L’utilisation d’un Slider de type « Floating » est donc de rigueur si nous attaquons directement la bordure. Toutefois, je privilégie une progression allant de l’extérieur vers l’intérieur d’une baie afin d’optimiser en action de pêche une prospection vierge de tout passage ; afin d’éviter de déranger les brochets visés et les rendre plus craintifs ou méfiants
En fonction du résultat obtenu après quelques lancés, comme par exemple des suivis non concrétisés ou carrément des refus plus caractérisés, nous adaptons la vitesse de récupération, la fréquence des « stop & Go » et l’amplitude des coups de scions que nous réduisons ou augmentons en fonction du résultat recherché.
Il va de soi que pour pêcher des zones à végétations naissantes ou résiduelles, c'est-à-dire dans une profondeur d’un mètre où seule la couche supérieure de 20 à 50 cm est praticable, les modèles « Slider floating » ou Sweeper sont adaptés. Tout comme d’ailleurs pour pratiquer des zones rocheuses de faibles profondeurs.
Slider 10 « Floating » permettant la prospection dans une eau peu profonde et chargée en végétation
En effet, les modèles Sweeper sont des jerkbaits qui sont réellement « Slow Sinking » à la limite du « Suspending » qui permettent d’ailleurs une animation très lente agrémentée de larges écarts de trajectoire. Une nage de ce type donne d’excellents résultats sur les gros spécimens qui sont moins enclins à réagir sur des animations rapides et saccadées.
Un joli spécimen capturé au Sweeper coloris « Pike » en animation très lente en bordure de plateau rocheux.
Par la suite, pour pêcher plus en profondeur, nous passons sur les modèles Slider « Sinking » qui permettent d’atteindre des couches d’eau jusqu’à 2 - 3 m sans aucun problème selon la vitesse de récupération.
Il nous arrive régulièrement d’utiliser les jerkbaits Salmo « Slider » ou « Sweeper » en récupération de type linéaire. Cela a pour effet de leur procurer encore un autre de type de nage certes stéréotypé et redondant mais avec un rolling très marqué qui peut s’avérer être tout aussi redoutable qu’en mode jerking.
Slider 12 « S » comme Sinking… redoutable en récupération linéaire Stop & Go
Le matériel utilisé, le montage et les animations spécifiques
Dans le cas présent, nous avons utilisé les cannes Fox Rage Terminator « Swim & Jerk 228 » et « Jerkbait 195 ». Le corps de ligne est de la tresse Rage Pro X8 en diamètre 0.25 et le bas de ligne d’une longueur de 120 cm est constitué de Fluorocarbon Leader Rage en diamètre 0.90 centièmes qui assure une bonne rigidité permettant des « slides » (écarts latéraux) appuyés et de grandes amplitudes. Le Jerkbait est fixé au bas de ligne au moyen des agrafes Rage « surefit snap » en taille 2/0.
En ce qui concerne les animations avec le Slider, je pratique soit une récupération moyennement rapide avec de petits coups de scion de manière à faire virevolter le leurre tel une proie en mode « panique », soit une récupération plus lente avec des coups de scion plus appuyés et réguliers agrémentés de « stops » tous les 5-6 mètres de récupération de manière à désaxer le leurre latéralement. Comme déjà évoquer précédemment, il m’arrive aussi de récupérer le leurre de façon linéaire sans coup de scion ce qui lui procure une nage sinusoïdale avec un certain rolling qui lui est typique.
Pour ce qui est du Sweeper, l’animation est beaucoup plus lente et les temps de pause sont plus longs entre chaque coup de scion afin de permettre au leurre d’effectuer son écart latéral complètement et de quasiment se retrouver à un angle de 90° par rapport à sa trajectoire initiale. Toute comme son « cousin » le Slider, il peut se ramener de façon linéaire très lente car vu sa densité proche d’un leurre de type « suspending ». Sa nage est certes moins sinusoïdale que le « Slider » mais son « rolling » imite à merveille la nage d’une proie plus que vulnérable…
Le Sweeper en coloris « Hot Perch » en action
C’est à vous de jouer !
En guise de conclusion, je dirais qu’avec la gamme Salmo des « Slider » et des « Sweeper » vous êtes armés pour faire face à bon nombre de situations de pêche du début de saison. En effet, leur polyvalence vous permettra sans aucun doute, comme ce fut le cas pour nous cette année, de parvenir à leurrer de jolis spécimens de brochets tant tatillons soient-ils… Cela étant …bon jerk à tous !