TREVOR GUNNING

L’augmentation exponentielle du nombre de pêcheurs aux leurres ces dernières années a eu pour conséquence, entre autres, de remettre au gout du jour les pêches de la perche, du sandre et du brochet. Mais il est une espèce de prédateur, pourtant autochtone, qui échappe encore au radar de ces pêcheurs modernes.

Le chevesne, très bien établi dans nos réseaux fluviaux, grossit pourtant plus que la perche, livre un combat digne de ce nom et Durant les mois d’été jusqu’à l’automne, se nourrit principalement d’alevins, en faisant une cible idéale pour tout leurre bien présenté!

Ainsi dès l’ouverture je pêche tous l’été au leurre pour les chevesnes- bien que pour moi les mois de Septembre, Octobre et jusqu’à la mi-Novembre restent mes préférés.

 

TACKLE

Mon choix des canne s’oriente vers une puissance de 3-15g, une longueur de 2,10m et de préférence avec scion creux. En fait la plupart des cannes ultralégères seront adéquates, ainsi par exemple l’Ultron 2 Street en 2,10 m 5-15 g est un outil exceptionnel pour ce type de pêches. Je penche pour ce type de cannes un peu plus longues car sur les bords de rivières les obstacles à contourner sont souvent nombreux.

Pour ce qui est du moulinet, une taille comprise entre 1000 et 3000 reste idéale, garni de tresse de 8 à 12lb. J’utilise une tresse en 10lb avec une tête de ligne fluorocarbone en en 8lb, et si cela peut paraitre excessif, je vous garantis que lorsque vous serez en contact avec un poisson de plus de 5lb à proximité des obstacles de bordure, ce sera le minimum requis pour bien vous tirer d’affaire. Les chevesnes n’ont en effet pas leur pareil pour aller se décrocher dans le moindre herbier, la première souche qui s’offre à eux.

En terminaison de ma tête de ligne on trouvera une agrafe micro snap. Celle-ci me permet de changer très rapidement de leurre en cours de pêche pour m’adapter aux conditions rencontrées.

 

LURES

Les chevesnes répondent particulièrement bien aux leurres de surface et petits crankbaits, qui sont mon choix premier. Il y a tant de modèles et coloris que cela peut en être déroutant. Il faut rester pragmatique, et je débute toujours avec un Fox Funk Bug en 4cm shallow runner ou 5cm Deep runner. Le 4cm est idéal sur les petites rivières et quand les conditions sont favorables, Alors que le 5cm permet de produire une animation de plus forte amplitude et de garder une présentation soignée avec le vent et la houle. Bien que classé Deep Runner, il reste un leurre flottant et peut prospecter les couches d’eau proches de la surface si on le travaille canne haute.

Outre ma sélection de crank baits flottants, je transporte également des suspending et sinking en 4cm et 6cm. Je trouve mon bonheur pour ce type de leurres dans la gamme Salmo. Enfin, il ne faut jamais oublier de prendre quelques poppers, qui sont dévastateurs durant les chaleurs estivales.

CHOIX DES COLORIS

Je pense personnellement que le coloris est moins important que l’action et notamment le “plop” (j’y reviendrais plus tard). Chacun d’entre nous est attiré vers un type de coloris plutôt qu’un autre, mais pour moi les teintes « naturelles », donc imitatives sont supérieures, en particulier Silver Baitfish, Real Shiner et Cool Herring !

Salmo proposent quant à eux des versions Dace, Brown Trout et Minnow de leurs leurres que je trouve particulièrement efficaces. Mais encore une fois ce choix est très personnel, je connais en effet des pêcheurs qui enregistrent de très bons résultats avec les coloris Firetiger ou Bright Orange ! La pêche aux leurres est avant tout une question de confiance en ses choix, donc n’hésitez pas à suivre votre instinct, allez-y au « feeling ».

HAMECONS

Presque tous les leurres sont équipés d’un ou plusieurs triples conçus pour être opérationnels de suite. Pour autant, je change quasiment systématiquement ses hameçons par des hameçons simples. Là encore, c’est un choix très personnel, mais qui fonctionne vraiment pour moi, autant pour le ferrage que pour décrocher proprement les poissons. Si vous souhaitez rester aux triples, prenez vos pinces et écrasez les ardillons, croyez-moi quand il s’agit des chevesnes, cela vous évitera pas mal de soucis !

 

CHOIX DES POSTES

Les chevesnes affectionnent tout particulièrement le couvert des arbres surplombant les bordures, ainsi que les obstacles immergés comme les souches et branches. Si cela n’est pas systématique, ce type de poste sera très souvent habité par un ou plusieurs chevesnes. Je commence donc ma prospection avec un petit crankbait flottant, en lançant 30 à 40cm en retrait de l’obstacle visé. Soyez prêts de suite, car la touche intervient souvent avant même que vous ayez pu commencer à animer le leurre. Les chevesnes réagissent en un éclair au « plop » du leurre qui tape la surface, et il vaut mieux être alerte pour ne pas louper le ferrage.

Produire ce “plop” est essentiel, il vous faudra donc lancer un peu en hauteur et freiner votre leurre pour obtenir ce son sourd et court plutôt qu’un « splash » beaucoup moins attractif. Si l’attaque ne se produit pas au « plop », j’entame alors une récupération lente et régulière, avec quelques pauses permettant au leurre de remonter vers la surface à intervalles réguliers. Après un ou deux lancers d’exploration, je lancerais plus près de l’obstacle, à quelques centimètres seulement.

Lorsque je pêchais au coup en compétition il y a de ça bien des années, on disait que sur les parcours de la Haute Tamise il fallait lancer au ras de la berge d’en face, devant les trous de rongeurs, pour faire un chevesne. Cela se vérifie toujours aujourd’hui, Si vous lancez en amont d’un obstacle, pensez à plonger votre scion avant de commencer le ramené, afin que celui-ci passe sous la végétation surplombante.

Si plusieurs lancers ne produisent rien, je passe à un leurre suspending. Lancez en amont de l’obstacle visé et laissez-le dériver avec le courant jusqu’à ce qu’il passe sous la végétation surplombante. A cet instant, tirez légèrement sur le leurre pour entamer son animation. Ceci suffira très souvent à provoquer l’attaque. En tout état de cause, ne négligez jamais un poste, exploitez-le à fond, insistez, changez de leurre, de type d’animation. Très souvent, c’est en changeant un détail que l’on obtient des résultats. De plus, le temps passé vous permettra de construire une connaissance détaillée de vos parcours de rivière.

Les roselières sont également des types de postes à prospecter, en particulier si vous notez la présence en nombre de libellules. Là encore, il faudra faire démarrer le leurre à ras, ce qui permettra de surprendre les poissons les plus méfiants. Parfois, faire rebondir le leurre contre un mur de roseaux épais se révèle très payant.

Je suis convaincu que les chevesnes sont collés contre les Roseaux parce que les libellules ont une durée de vie très courte une fois métamorphosées, et qu’elles viennent mourir sur les roseaux, avant que le vent ne les fasse tomber.

Les types de postes décrits ici ont pour le moment été des options sur les berges opposées, mais ne négligez pas pour autant la berge sur laquelle vous évoluez, elle pourra être tout aussi productive si vous savez rester discret.

 

MODIFIER LES LEURRES

Comme je l’indiquais un peu plus haut, je change la plupart de mes hameçons pour des modèles simples. Avant de changer les hameçons, je fais toujours nager le leurre avec les triples pour comprendre sa nage. Je choisirais les simples en fonction, afin de rééquilibrer le leurre et de garder son action initiale. Sur certains leurres, il faudra rajouter du lest pour garder l’action intacte. Ainsi, sur le Funk Bug 4cm, je retire l’anneau brisé et je presse à la place un plomb AAA à l’aide d’une pince. Ceci permet d’avoir un leurre quasi suspending et de le faire dériver sous le couvert. Quelques mouvements de scions contrôlés durant la dérive permettront d’amener le leurre sous les nez des chevesnes abrités.

Bien que les chevesnes puissent être très agressifs à la touche, ils ne sont pas toujours de cette humeur. Il n’est pas rare d’enregistrer des touches beaucoup plus timides, comme si vous effleuriez un herbier. Si vous n’avez pas ferré, examinez votre hameçon, et s’il n’y a pas de résidus végétaux, repassez au même endroit, en étant prêt à ferrer cette fois-ci. Si la tape se reproduit, faites une petite pause puis marquez une accélération par deux tours vifs de moulinet,  ceci décidera bien souvent le chevesne récalcitrant à passer à l’action.

CHOIX DES HAMECONS SIMPLES

Si vous laissez l’anneau brisé sur votre leurre vous serez restreint à l’utilisation d’hameçons simples de type “inline” avec un œillet large. S’il y a plusieurs modèles de ce type disponibles, je préfère pour ma part remplacer l’anneau brisé par une agrafe micro snap. Cela donne de nombreux avantages, et vous permet notamment de choisir tout type d’hameçon simple (j’affectionne particulièrement un wide gape drop shot). De plus l’hameçon prend une assise plus en arrière du leurre ce qui par expérience se révèle plus efficace, réduisant sérieusement le risque de décroches, en particulier quand les poissons sont tatillons. Cela permet par ailleurs de piquer plus de ces perches qui suivent puis font demi-tour au ras du leurre, celles-ci venant se prendre sur l’hameçon trainant plus en arrière.

Enfin, Si vous réglez correctement la pression nécessaire pour ouvrir l’agrafe en fonction de la résistance du reste de votre équipement, vous pourrez plus facilement ramener les leurres accrochés aux obstacles en voulant les raser de plus en plus près !